Comporte toi comme un homme, ce sont des paroles que Dale a pu entendre des milliards de fois, elles résonnent déformées dans son esprit et provoquent des douloureux échos dans sa tête. Mais qu’est-ce se comporter comme un homme ? Durant toute son enfance son père a tenté de lui apprendre cela.
Dale Milo Nolan est né un vingt-six janvier et n’a jamais connu sa mère. Son père lui a toujours dit que cela était sans importance, pourtant, bien au contraire. Grandir sans chaleur maternelle et sans douceur fut éprouvant pour le jeune garçon. Son seul modèle était obsolète, un homme qui en voulait à la Terre entière, il en voulait au monde pour lui avoir offert un fils à élever seul, pire que tout, il en voulait à cette femme absente ; la présentant à Nolan comme une prostituée qui l’avait abandonné dans une poubelle quelques temps après la maternité. Une pensée dont Dale s’accrochait fermement, une seule lueur dans sa tête, dans son monde, une flamme de vengeance à laquelle se cramponner pour pouvoir supporter toutes ces épreuves.
Un objectif tout tracé, malgré les paroles de son père, malgré ce qui pouvait bien lui arriver, il n’avait qu’un seul objectif : réussir afin de pouvoir lui donner tort. Il voulait tellement accomplir ça, donner tort à son parent absent, lui faire comprendre qu’il s’agissait d’une erreur de l’abandonner. Mais le chemin ne fut pas rose pour le demi-dieu ignorant sa nature. Son père était un homme violent, déprimé et surtout sévère. Dale était un poids mort, impossible pour lui de ressentir le moindre amour envers cet être qui détruisait son quotidien, puis lentement sa vie, comme de l’arsenic dans son sang.
Inévitablement, ce milieu nocif impacta le développement de l’enfant. Dale fut transformé, violent, agressif, colérique, souffrant de nombreux troubles. Il fut plusieurs fois déclaré inapte par ses professeurs, agressant ces derniers avant de se faire renvoyer et ainsi de suite. Son père, au lieu de comprendre la situation et faire un pas vers l’enfant qu’il n’a jamais voulu reconnaître comme tel, empira cette dernière. Il rendait à Dale sa violence, son comportement et ses psychoses. La violence et la brutalité devinrent banals pour le demi-dieu qui adopta immédiatement ces mœurs de manière définitive jusqu’à en devenir primitif, instable, incapable de vivre en société sans exploser. Cette enfance et ces séquelles eurent des graves conséquences sur son mental, son développement et sa personnalité adulte.
Enfant tyran, brute à l’école, délinquant, il devint un véritable cauchemar. Tout le mal que le demi-dieu pouvait faire dehors, son père lui rendait à la maison et vice versa, une satané boucle vicieuse, un cercle de violence dont il était désormais impossible à sortir, jusqu’à ce que le petit garçon ne devienne un grand et fort jeune homme. Il était désormais bien plus difficile de frapper sur quelqu’un de même taille, voire plus et surtout bien plus fort. Pourtant, après toutes ces années, Dale développa une crainte, une peur de son père. Impossible pour lui de lever la main dessus, de le contredire, acceptant absolument tout, même les coups.
Pourtant, un jour ce fut de trop. Des coups trop violents, trop colérique. Dale implosa, nul ne sait ce qu’il s’est réellement passer ce soir là, mais les policiers qui trouvèrent le corps de Léon Nolan furent d’accord sur une chose ; Cette scène de crime était d’une cruauté sans nom, le père de famille a été battu à mort et même après, il a été roué de coup. Son visage n’avait plus rien d’humain et ressemblait bien plus à une épaisse paillasse écrasée sur le sol, ses yeux ont étés crevés, sa gorge tranchée et poignardée à vingt-sept reprises.
Le lendemain, Dale fut retrouvé couvert de sang dans un motel essayant de fuir de la ville.
Arrêté, menacé de la peine de mort, son avocat pu plaider la folie ainsi que la légitime défense. C’est ainsi que l’histoire de Dale Milo Nolan commença, interné dans un asile psychiatrique aux alentours de ses seize ans afin d’être soigné.
Ce fut une longue année de calvaire qui attendit Dale, traité comme une ordure par le personnel, drogué et abusé par ces derniers. Ils cherchaient clairement à le briser pour une raison qu’encore aujourd’hui il ignore. Une expérience terrible, horrible même, qui le marqua, le fit évoluer et se développer de la pire des façons, renforçant ses nombreux troubles et psychoses. Dale était en train de devenir un montre et la découverte de sa nature divine n’arrangeait en rien ces problèmes. C’est une rencontre dont il se souvient encore, comme si elle avait eu lieu hier.
Un nouvel arrivant qui immédiatement approcha Dale, lui faisant comprendre qu’il était spécial.
Spécial, un mot que des nombreux spécialistes avait pu lui répéter vainement afin de tenter d’expliquer ses problèmes par un mot bien plus simpliste et illusoire. Dale était malade, il le savait et rien ne pouvait changer cela, auto-destructeur, perdu, il avait tué son propre père et ne savait plus quoi faire de sa chienne de vie.
Son quotidien était rythmée par les prises intensives de nombreux médicaments, voire drogues afin de calmer ses nombreuses pulsions violentes et tenter de l’apaiser, faisant de lui un véritable légume dont la seule utilité était désormais de recouvrir le sol de sa bave.
Malgré tout, un messager vint à lui, ce nouvel arrivant. Il se présenta auprès de Dale, discutant avec lui dans ses rares moments de lucidité pour le présenter comme un demi-dieu, quelqu’un de réellement spécial. Naturellement, l’enfant d’Aphrodite interpréta les paroles de l’inconnu comme le fruit d’un trouble psychologique. Du moins, jusqu’à ce qu’il n’orchestre et mette à exécution l’évasion de l’asile, dévoilant des attributs qui n’avaient rien d’humains. Ainsi, Dale fut forcé d’accorder bien plus d’attention à son récit, l’animal qu’il était n’était désormais plus en cage et mieux encore, on le présentait comme un demi-dieu, un être qui n’appartenait ni au monde des humains ni à celui des mortels.
Fils d’Aphrodite pas encore révélé, Dale intégra le camp des sang-mêlés. Un loup dans la bergerie, ses troubles purent s’exprimer bien plus brutalement. Acclamé pour sa violence, beaucoup voyaient en lui l’enfant du dieu de la guerre, mais furent surpris d’apprendre de qui il était la descendance, lui le premier. Lors de ses premières années, il fut traité comme le mouton noir d'Aphrodite, du moins, jusqu'à ce qu'il ne se hisse comme le grand-frère de cette fratrie. Lentement, Dale pu se surprendre à ressentir de l'affection pour ces filles et garçons qui ne vivaient que pour plaire et aimer.